lundi 28 mai 2012

Le Rituel de l'ombre, de Jacques Ravenne et Eric Giacometti

Le genre : polar français L'histoire : une archiviste du Grand Orient de France à Rome et un archéologue franc-maçon en possession d'une énigmatique pierre millénaire sont exécutés à peu près au même moment selon une méthode qui rappelle le meurtre d'Hiram, fondateur légendaire de la franc-maçonnerie. Le commissaire Antoine Marcas, franc-maçon féru d'histoire de l'ordre, enquête. Mon avis : j'avais lu ce polar il y a quelques années, et j'en gardais un meilleur souvenir que le goût qu'il me reste à cette relecture. L'intérêt principal de ce livre n'est pas l'aspect polar, loin de là, ni l'écriture, c'est l'aspect maçonnique : pour tous ceux que les rituels de la maçonnerie, son histoire et ses valeurs intéressent, ce livre est une bonne base. Il comporte même un glossaire à la fin, ainsi que des explications sur les différentes références historiques utilisées dans le roman. Ecrit par un maçon et un non maçon, ce livre offre un regard objectif, non prosélyte et intelligent sur la franc-maçonnerie.

Autoportrait d'une psychanalyste, de Françoise Dolto

Le genre : entretien Le propos : quelques semaines avant sa mort, Françoise Dolto s'entretient avec un confrère psychanalyse et évoque sa vie et son parcours professionnel. Mon avis : intéressant. Même s'il est sans doute plus profitable de lire ce livre avec déjà des connaissances sur Françoise Dolto car il comporte de nombreuses références implicites à sa vie et à son œuvre, il s'agit d'un dialogue fructueux et facile d'accès, notamment parce qu'une grande part de ce que raconte Françoise Dolto concerne sa vie personnelle. Ce qu'elle a vécu enfant, auprès de sa famille (la mort de sa sœur aînée, la grande névrose de sa mère, l'amour pour son père), et sa personnalité atypique d'enfant précoce, éclairent son parcours professionnel et son approche des enfants, révolutionnaire pour l'époque.

samedi 26 mai 2012

Enfants de poussière, de Craig Johnson

Le genre : roman policier américain (Wyoming) L'histoire : le shérif Longmire est cette fois confronté au meurtre d'une jeune asiatique inconnue, qui le ramène dans son passé au Vietnam. Mon avis : quatrième enquête du shérif Longmire, de son copain l'Ours et des autres, cette nouvelle histoire garde les mêmes intérêts que les précédentes. L'humour en tête. Humour un peu pince sans rire. Et puis il y a toujours ce que l'on apprend sur la culture indienne. L'aspect policier est finalement secondaire : on lit ce livre, comme les autres, pour ce ton et cet univers.

lundi 21 mai 2012

Le Prince de la brume, de Carlos Ruiz Zafon

Le genre : roman fantastique espagnol pour adolescents L'histoire : Max et sa famille trouvent refuge en 1943 dans u petit village d'Angleterre en bord de mer. Le garçon y fait la connaissance d'un jeune autochtone, Roland. Mon avis : gentillet. Il s'agit d'une œuvre de jeunesse de Zafon, republiée récemment, et destinée plutôt à un public adolescent. Ce n'est pas désagréable, mais ce n'est pas forcément intéressant quand on est adulte et/ou peu versé dans le roman d'aventures fantastiques nourri de valeureux enfants au cœur pur et de monstres très méchants aux pouvoirs diaboliques...

La Psy, de Jonathan Kellerman

Le genre : roman policier américain L'histoire : un inspecteur de police et son ami psychologue enquêtent ensemble sur le meurtre d'un jeune couple dans une voiture, à Los Angeles. Mon avis : sans intérêt. Ce récit me fait l'effet d'un plat sans goût, qu'on avale sans y penser et dont il ne reste rien. Sans être foncièrement mal construit ou mal écrit, les personnages n'ont pas vraiment d'épaisseur, l'intrigue n'a pas d'originalité, et aucun autre élément ne vient s'ajouter pour séduire le lecteur.

jeudi 17 mai 2012

Rien ne s'oppose à la nuit, de Delphine de Vigan

Le genre : biographie / autobiographie L'histoire : l'auteur, au lendemain du suicide de sa mère, entreprend d'écrire sa vie et évoque aussi les répercussions de ce travail sur elle-même. Mon avis : très beau. non seulement l'écriture est belle : ample, fluide, classique et sans fioritures. Mais l'histoire racontée est aussi fascinante : Lucile, la mère de l'auteur, a eu une vie traversée de drames, mais la vitalité et l'exubérance en font également partie. On découvre, presqu'en même temps que l'auteur, le parcours d'une petite fille trop belle et trop secrète grandie dans une famille de huit enfants. Puis sa lente dérive jusqu'à la maladie mentale. Les interventions de l'auteur sont poignantes : on a le sentiment d'une parfaite sincérité, dans la douleur d'écrire, dans la nécessité aussi. Le portrait minutieux et difficile que l'auteur fait de sa mère est bouleversant. Un très beau livre, vraiment.

mercredi 16 mai 2012

Une bonne raison de se tuer, de Philippe Besson

Le genre : roman français sur le suicide L'histoire : Le lecteur suit deux destins en alternance, celui de Laura, qui a décidé de mettre fin à ses jours et celui de Samuel, dont le fils vient de se suicider. Mon avis : bof. Je crois que je me suis lassée de la prose de Besson, ou bien peut-être que ce n'est pas son meilleur. Je n'ai pas grand-chose à dire de ce roman que j'ai lu sans déplaisir mais que je vais oublier en quelques heures. Le lyrisme inhérent au style de Besson ne m'a pas émue, alors même que le sujet est pathétique de bout en bout.

lundi 14 mai 2012

Room, d'Emma Donoghue

Le genre : roman canadien sur les relations entre mère et enfant, sur l'enfance, sur le traumatisme L'histoire : le narrateur est un garçon de 5 ans, Jack. Il vit seul avec sa mère dans une pièce dont ils ne sortent jamais. Mon avis : glaçant et prégnant. C'est sans doute une des livres les plus marquants que j'ai lus ces derniers mois, dont il est difficile de parler sans dévoiler l'histoire. Il parle de quelque chose d'atroce sans jamais verser dans le pathos, car tout est décrit par un gamin, avec son vocabulaire et sa façon de penser. Ce qu'il vit est abominable et il ne s'en rend pas compte (tandis que le lecteur, oui, c'est toute l'originalité du livre et ce qu'il a de plus saisissant). C'est une bonne ou une mauvaise chose ? Voilà une des questions troublantes que pose cette histoire (tirée d'un fait divers). L'écriture peut rebuter le lecteur, mais quand on se laisse prendre, voilà un livre tout à fait extraordinaire, dérangeant et intelligent.

La Couleur des sentiments,de Kathryn Stockett

Le genre : roman américain sur la condition des Noires dans le Mississippi des années 60 L'histoire : A Jackson, nombre de femmes blanches emploient des femmes noires comme domestiques. La situation ne semble pas avoir beaucoup évolué depuis le XIXe siècle. Une jeune femme blanche entreprend néanmoins de s'intéresser de près à ce que vivent les bonnes. Mon avis : excellent. J'ai cru au début que le roman se passait avant la guerre de Sécession ! Mais non, il relève bien d'une situation du XXe siècle, d'il y a 50 ans à peine, dans e Sud des Etats-Unis. Historiquement, c'est donc intéressant de percevoir une manière de vivre qui a beaucoup d'affinités avec l'apartheid. Sur le plan romanesque c'est également excellent, car trois voix alternent : celles de deux bonnes et celle de la blanche qui enquête sur leur situation. Quant à l'écriture, rien à redire non plus : c'est tour à tour émouvant et drôle. Voilà un pavé qui se dévore sans une minute d'ennui et qui reste longtemps en mémoire.

dimanche 6 mai 2012

Limonov, d'Emmanuel Carrère

Le genre : biographie L'histoire : Edouard Savenko, dit Limonov, est un Russe originaire d'un milieu modeste et provincial. Doté d'une énergie hors du commun, il bâtit sa vie pour devenir un héros : c'est sa vie rocambolesque, insolente et parfois douteuse, de poète, larbin, leader, amant, prisonnier politique, que raconte Emmanuel Carrère, en même temps qu'elle lui permet d'évoquer l'histoire plus large de l'Europe depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Mon avis : passionnant. Ce que j'aime bien chez Emmanuel Carrère c'est qu'il ne prétend pas être objectif, qu'il ose parler de lui sans se mettre au premier plan, qu'il ose hésiter sur ses jugements. Le résultat de son évocation de la vie fascinante de Limonov est ainsi atypique et fascinante, pour le personnage lui-même, comme pour tout ce qu'elle emmène avec elle sur l'histoire de la Russie, du communisme, de l'Europe, etc. C'est un pavé et ça se lit tout seul, c'est foisonnant et palpitant, historique et romanesque. Je le redis : passionnant.

Birdman, de Mo Hayder

Le genre : polar / thriller L'histoire : c'est la première apparition de l'inspecteur Caffery, confronté à une série de meurtres de femmes particulièrement atroces, qui se caractérisent notamment par le fait que le meurtrier enferme un pinson dans le sternum de ses victimes. Mon avis : du très bon polar. A la limite du soutenable, parfois, mais très bon. Le héros est attachant, avec sa douleur liée à la disparition de son frère dont il n'a jamais guéri. Ce n'est pas le meilleur de Mo Hayder, mais c'est quand même du très bon polar qui se lit avec tout le plaisir qu'on peut trouver quand on aime ce genre-là. Ames sensibles s'abstenir tout de même.

mardi 1 mai 2012

Truth and consequences, d'Alison Lurie (VO)

Le genre : roman américain sur l'amour L'histoire : Jane et Alan sont mariés depuis de longues années mais Alan, souffrant depuis des mois d'une douleur dans le dos, devient de plus en plus difficile à supporter pour sa femme dévouée. Un autre couple fait irruption dans leur vie. Mon avis : un peu décevant après les autres romans déjà lus d'Alison Lurie. Cette fois, la mayonnaise prend moins bien : on retrouve le même type d'histoire et d'écriture, mais affadis. Les personnages sont moins attachants, voire même agaçants pour certains, l'esprit moins sarcastique, l'analyse moins fine, l'ensemble moins subtil et moins plaisant. L'histoire de ces deux couples aux prises avec leur histoire d'amour fatiguée n'est pas tout à fait convaincante. Je ne me suis pas ennuyée, mais j'ai pris beaucoup moins de plaisir que pour Foreign affairs ou The Last Resort.