lundi 25 octobre 2010

Easter Parade, de Richard Yates



Ce romancier très célèbre aux Etats-Unis et semble-t-il peu connu en France mérite de gagner ses lettres de noblesse chez nous aussi ! Dans ce roman (le cinquième) intitulé "Easter Parade", Yates raconte le destin parallèle mais divergent de deux soeurs, dans l'Amérique du milieu du XXe siècle. Marquées toutes deux par le divorce de leurs parents et par l'instabilité de leur mère pendant leur enfance, Sarah et Emiliy prennent néanmoins deux voies très différentes une fois parvenues à l'âge adulte : Sarah, l'aînée, se "range" et fonde un foyer modeste qui lui sert de bouclier et de repère. Emily, la cadette, fait des études et multiplie les liaisons plus ou moins éphémères. On suit leur existence de bout en bout, en observateur de leurs espoirs et de leurs désillusions.
Chronique douce-amère de toute une époque, mais aussi de la féminité, ce roman qui se lit d'un trait est à la fois limpide et émouvant, triste et cru. On ne verse jamais dans l'excès ni dans le banal, l'on s'accroche simplement à ces personnages ordinaires mais croqués avec tendresse et réalisme, qui cherchent simplement à vivre.

Critique publiée sur la page "livres" de Paris-Normandie

dimanche 24 octobre 2010

L'Oeil du lapin, de Cavanna


Le genre : autobiographie

L'histoire : Cavanna, après Les Ritals, reprend le récit de son enfance, de 4 à 15 ans, en se concentrant cette fois davantage sur l'image de sa mère.

Mon avis : j'adore ce mec. Au bout de la première page, j'étais déjà profondément émue. On est de bout en bout dans l'émotion la plus pure, la plus belle, jamais dans le misérabilisme, ni dans le facile ni dans le mièvre. Son père, parce qu'il ne peut manifestement pas être autre chose qu'immense, est bouleversant à chaque fois que Cavanna le fait parler avec son accent italien impossible, même si c'est parfois agaçant à lire. On ne peut qu'éprouver de l'admiration pour la force d'âme de sa mère. Bref, c'est débordant d'une violente tendresse. Ce type est un génie de l'écriture.

Au Pays de Dieu, de Douglas Kennedy


Le genre : récit de voyage

L'histoire : l'auteur a traversé le sud des Etats-Unis pour rencontrer les différentes congrégations religieuses, leurs dirigeants et leurs adeptes.

Mon avis : édifiant. Douglas Kennedy le dit en introduction, il a entrepris ce voyage dans les années 80 pour essayer de mieux comprendre la mentalité propre aux Américains et notamment leur rapport à la religion. Il rencontre ainsi toutes sortes d'églises et de croyants plus ou moins illuminés, émouvants, pathétiques ou effrayants. A côté de ce tableau, l'écriture est prenante, parce que l'auteur n'est jamais méprisant ou condescendant, même s'il ne cache jamais son athéisme, et qu'il fait preuve de beaucoup d'humour aussi, malgré le sérieux de son enquête. Littéralement passionnant.

mercredi 20 octobre 2010

Haine, de Anne Holt


Le genre : polar norvégien

L'histoire : une évêque est retrouvée assassinée à Oslo le soir de Noël, puis d'autres individus en apparence sans lien entre eux.

Mon avis : bof. J'ai mis beaucoup de temps d'abord à m'y retrouver dans les personnages : apparemment c'est la quatrième enquête de "Vik et Stubo", et il m' fallu un paquet de pages pour savoir qu'il s'agissait de l'inspecteur et de sa femme, sans parler des autres personnages. Quant à l'intrigue, le seul intérêt que j'y ai véritablement trouvé, c'est son évocation de l'homosexualité en Norvège. Sur le plan "sociologique", on perçoit comment vivent les homosexuels dans ce pays, c'est-à-dire de façon beaucoup plus libre que chez nous. A part ça...

samedi 16 octobre 2010

Le Soleil des Scorta, de Laurent Gaudé


Le genre : saga familiale dans un petit village italien au XXe siècle

L'histoire : la famille Scorta est née d'une histoire tragique et violente. Toute la descendance s'en trouve à la fois marquée, mais aussi porteuse d'une fierté de revanche.

Mon avis : j'avoue n'avoir pas été transportée. J'ai aimé la chaleur du soleil italien qui transpire dans les pages, et la sensualité de l'écriture. Mais dans le genre histoire d'une famille qui a la fièvre dans le sang, j'avais en mémoire le roman de Garcia Marquez, Cent ans de solitude, et même si je l'ai lu il y a longtemps, la comparaison involontaire ne va pas au bénéfice de Laurent Gaudé. Je l'ai trouvé moins épique que ce qu'il voudrait être. Mais ce fut une lecture fort agréable tout de même, n'exagérons pas !

lundi 11 octobre 2010

Casco Bay, de William G. Tapply


Le genre : roman policier sur fond de pêche à la mouche.

L'histoire : Stoney, guide de pêche dans le Maine, découvre un cadavre calciné avec un de ses clients, qui va très vite être retrouvé assassiné lui aussi. Son ami shérif le persuade de l'aider dans son enquête.

Mon avis : excellent. C'est du bon policier certes, avec un bon dosage de suspense, de crime, d'action, ni trop ni trop peu, et puis c'est un magnifique roman sur la pêche. Malgré les histoires de meurtres, plane tout au long des pages une douceur comme si on lisait cette histoire au fond d'une barque, par temps très calme, au milieu de la nature. C'est le deuxième épisode des aventures du héros, et je me délecte d'avance de lire le premier. A noter que ce livre est publié par la petite maison d'édition Gallmeister, dont j'ai rencontré le directeur il y a peu de temps : j'ai adoré l'entendre parler de sa manière de choisir des livres, qui sont toujours américains et parlent de la nature. J'ai choisi l'éditeur quand j'ai choisi de lire ce livre, et je ne le regrette pas.

dimanche 10 octobre 2010

De Beaux lendemains, de Russel Banks


Le genre : roman américain polyphonique

L'histoire : un accident de bus scolaire coûte la vie à une dizaine d'enfants et ravage la vie de toutes les familles d'un village américain. L'événement et ses conséquences sont successivement racontés par le chauffeur du bus, un témoin et parent d'un des enfants morts, un avocat, et une survivante.

Mon avis : bien. Pas impérissable, pas bouleversifiant, mais bien. Le choix des personnages qui prennent la parole m'a semblé judicieux, et l'on ne tombe jamais dans le larmoyant ni dans le caricatural ni dans l'ennui. L'événement est pourtant banal, et le récit ne tient pas par le suspense, mais l'auteur a su dépeindre à mon sens à la fois la tragédie intime de chacun et faire un tableau subtil d'une petite ville américaine.

samedi 9 octobre 2010

Danse, danse, danse, de Haruki Murakami


Le genre : roman japonais lyrique et fantastique

L'histoire : le narrateur est une jeune homme vaguement étrange, qui vite une sorte d'odyssée, à la recherche de lui-même.

Mon avis : du pur Murakami, avec sa dose de beauté, de mélancolie, de grotesque, d'énigmatique et j'en passe. Ce roman-ci es particulièrement plein de tout cela : on suit le narrateur, mais il rencontre diverses personnes, vit différentes relations (j'ai beaucoup aimé celle qui le lie à une enfant de 13 ans), progresse dans plusieurs endroits. Il est difficile d'en parler. Lire Murakami est une aventure unique en soi, c'est pénétrer dans un univers très personnel, à mi chemin entre le rêve et la réalité. Et avec une ineffable douceur constante.

mercredi 6 octobre 2010

Artères souterraines, de Warren Ellis


Le genre : roman américain déjanté

L'histoire : un détective privé paumé est recruté de force par la Maison Blanche pour retrouver une version "alien" de la Constitution.

Mon avis : Voilà un roman totalement décapant, "thrash" pourrait-on dire. L'humour, le sexe, le polar et le fantastique s'y mêlent joyeusement : les personnages et les situations tiennent autant de l'horreur que du grotesque. C'est inracontable, indescriptible, et franchement drôle. Certes, il faut accepter de se laisser embarquer, et avoir le coeur relativement bien accroché, et tout le monde ne s'y laissera pas prendre mais ceux qui oseront devraient passer un excellent moment !