dimanche 28 novembre 2010

Les Morts de la Saint-Jean,de Hennig Mankell


Le genre : polar suédois

L'histoire : trois jeunes gens sont portés disparus puis retrouvés morts en pleine cambrousse, tandis qu'un des collègues de Wallander est lui aussi assassiné.

Mon avis : j'appréhendais un peu de relire un épisode de la série Wallander. J'en avais gardé un tel souvenir, que je ne voulais pas vivre le même genre de déception que celui éprouvé par exemple à la relecture de certains Ellroy,que j'avais pourtant porté au pinacle. Et bien non, aucune déception, au contraire. Je ne me souvenais pas de l'intrigue (de l'avantage de n'avoir pas de mémoire) et j'ai retrouvé l'intensité du plaisir : le goût de la Suède, la personnalité forte et fragile de Wallander, l'impression quasi physique de vivre ses inquiétudes, sa tension, ses découragements, ses montées en puissance. Waouh, c'est vraiment du très, très grand polar, c'est même pour moi le meilleur. Je vais relire d'autres ! Le dernier est sorti, snif.

vendredi 26 novembre 2010

Sukkwan Island, de David Vann


Le genre : roman américain

L'histoire : un père et son fils partent pour vivre une année dans une île déserte du sud de l'Alaska.

Mon avis : voilà un roman difficile à décrire. On m'en avait dit tant de bien, que je m'étais faite une fausse idée de ce livre : je le croyais très violent, très retors, peut-être même sordide et cauchemardesque. Mais ce n'est pas tout cela, et ce l'est quand même un peu... Il y a quelque chose de très ordinaire, dans la relation ratée entre le père et son fils, dans l'évocation de l'adolescence, du divorce, de la solitude ; et en même temps cette banalité tourne effectivement, mais sourdement, au cauchemar. C'est un livre étrange, et "marquant", comme le dit la 4ème de couverture.

jeudi 25 novembre 2010

Un Amour, de Dino Buzzati


On est loin du "Désert des Tartares" ! "Un amour" est le dernier ouvrage de Dino Buzzati : en 1963, il publie ce long récit qui raconte l'amour douloureux d'un homme vieillissant pour une jeune prostituée. A la fois intime et pudique, ce roman évoque avec une grande sensibilité les sentiments désespérés de cet homme, dépeint sans faux semblant. On pense un peu à Swann, amoureux d'une femme "qui n'était même pas son genre" : Antonio, le personnage de Buzzatti, est lui aussi amoureux malgré lui et sans plaisir : habitué à fréquenter les prostituées par commodité, parce qu'il est trop gauche pour séduire, il est le premier surpris lorsqu'il s'attache à l'une d'elles, danseuse de La Scala. Peu à peu, la passion le submerge, le domine et le fait souffrir. Quant à cette Laïde, l'objet aimé, elle est tour à tour banale, mystérieuse et cruelle. Ce récit fait d'un sujet simple quelque chose de subtil, et d'empreint d'une douleur lancinante.

Critique publiée sur la page livres du site de "Paris-Normandie".

lundi 22 novembre 2010

La Pelouse, de Frédéric Dard


Le genre : roman policier et d'amour

L'histoire : un homme en vacances sur la Côte d'azur s'éprend d'une Anglaise qu'il part rejoindre en Ecosse.

Mon avis : j'ai lu ce livre parce que je suis tombée dessus dans ma bibliothèque et que je ne me savais pas l'avoir, et que je venais d'entamer deux moitiés du livre que j'avais abandonnés (un Bernard Knight et "Groom" de François Vallejo). Il me fallait du léger et du sûr. Hé bien on est là très, très loin de l'écriture des San Antonio, mais dans une intrigue classique, avec un style sobre. C'est bien ficelé, c'est plutôt tendre aussi, et cela se lit non sans intérêt, mais quand on connaît et qu'on aime la verve du commissaire, cela manque un peu de couleurs !

mardi 16 novembre 2010

La Chambre des morts / La Mémoire fantôme, de Franck Thilliez


Genre : polars sanglants

Mon avis : Une fois n'est pas coutume, je mêle deux romans dans une même critique, parce que je les ai lus coup sur coup, parce qu'ils se ressemblent dans le genre et pourtant j'ai été plutôt dégoûtée par le premier et littéralement happée par le second.
Tous deux mettent en scène un flic, Lucie Hennebelle, mère célibataire de deux jumelles, au passé trouble et à la volonté professionnelle ancrée très profond. Dans La Chambre des morts, des meurtres horribles sont commis sur des petites filles handicapées. Je n'irai pas plus loin dans la description de l'histoire : l'auteur n'épargne pas l'horreur, le sanglant, le sordide. Dans La Mémoire fantôme non plus ! Mais là, les personnages sont beaucoup plus attachants et on passe outre l'aspect horrifique : c'est cette fois une jeune femme à l'amnésie atypique qui est victime d'un "Professeur", meurtrier mathématicien au raffinement sanguinaire extrêmement recherché ; et Lucie acquiert une dimension plus forte, plus sensible que dans l'opus précédent. A ne pas mettre entre toutes les mains, c'est du lourd !

samedi 13 novembre 2010

Juliette, d'Anne Fortier


Rocambolesques, ces aventures de la descendante de la Juliette de Shakespeare a de quoi ravir à la fois les amateurs de la tragédie, puisque ce roman en traite largement, et les lecteurs d'aventures en général. Tout démarre aux Etats-Unis, lorsque Juliette et sa soeur jumelle, âgées d'une vingtaine d'années, perdent leur tante et tutrice : elles héritent d'un mystère qui les emmène à Sienne, en Italie, sur la trace de leurs parents morts, et d'une histoire de famille qui remonte au XIVe siècle, aux sources du mythe de Roméo et Juliette.
Si l'on peut reprocher aux deux héroïnes d'avoir été campées avec des peintures un peu trop criardes, il n'en reste pas moins qu'on lit leurs aventures avec plaisir : le rythme est soutenu, les rebondissements nombreux, l'humour distillé, et le fonds historique prégnant. 400 pages, certes, mais pour un voyage en Italie qui ne manque pas de sel.

Critique publiée sur la page "livres" de Paris-Normandie.

dimanche 7 novembre 2010

Les Carnets retrouvés (1968-1970), de Dang Thuy Trâm


Dang Thuy Trâm fut une jeune femme médecin qui, à 25 ans, ses études à peine terminées, fit le choix de partir dans le sud de son pays, le Vietnam, pour soutenir ses "frères" engagés dans la lutte contre les envahisseurs américains. Pendant deux ans, elle tint un journal intime, dans lequel elle raconte son quotidien : les morts, les doutes, les besoins d'amour, les amitiés profondes, l'attachement au Parti, etc.
Elle mourut, comme tant d'autres, tuée par une balle ennemie. Et, ironie du sort, c'est un Américain qui retrouva ses carnets, et fut à l'origine leur publication.
S'il est parfois difficile de se repérer dans les personnages parce que l'auteur les appelle tous ses "frères", cette lecture vous immerge sans fard non seulement dans la guerre du Vietnam, mais certainement dans le quotidien de toute guerre.

Critique publiée sur la page "livres" de Paris-Normandie

samedi 6 novembre 2010

La Mort heureuse, d'Albert Camus


Ce premier roman de Camus, inachevé et publié après sa mort, est considéré comme l'étape préparatoire de L'Etranger, et de fait on trouve un certain nombre de similitudes : le nom du personnage, (Mersault), Alger, le sentiment d'étrangeté éprouvé par le "non héros", etc. Mais c'est en même temps très différent : beaucoup plus bavard, surtout.
Je n'ai pas beaucoup aimé ni beaucoup compris, même si la sensualité présente fait partie à mon sens de l'intérêt principal de cette lecture ; mais cela m'a surtout fait apprécié encore plus L'Etranger, qui persiste à être pour moi un chef d'oeuvre parmi les chefs d'oeuvre. Par contraste, j'ai encore plus admiré le souvenir de la concision de l'écriture de L'Etranger, sa pureté, sa sobriété, son incroyable puissance.

Des Souris et des hommes, de Steinbeck


Un classique, parmi d'autres, que je n'avais jamais lu. Et que je connaissais peut-être quand même trop bien puisque je n'ai pas été bouleversée. Peut-être est-ce dû à la transposition dans une autre langue : le langage cru est difficile à transcrire, et manque de naturel. Quant à cette magnifique histoire d'amitié, je la connaissais, alors il n'y a pas eu de surprise ni d'émotion nouvelle. Oui, c'est beau. A lire quand on a 15 ans surtout, et à garder tel quel en mémoire. Aujourd'hui, c'était trop tard pour la magie.

vendredi 5 novembre 2010

Frédéric Chopin, l'âme du piano, de Claude Clément


Le genre : biographie

Mon avis : Avis mitigé. Si cette biographie se lit sans déplaisir, si même on en apprend beaucoup (en partant de zéro) sur la vie de Frédéric Chopin, ce livre à mon avis souffre d'un genre mal défini.
Je m'explique : si l'auteure est manifestement très bien documentée et que son récit est riche de détails et d'une connaissance de l'oeuvre de Chopin, on se sent à cheval entre la froide biographie chronologique, la tentation du romanesque ou encore celle de l'analyse approfondie de son art. Du coup, les trois dimensions cohabitent sans que l'une ou l'autre s'affirme franchement, et "l'âme de Chopin" nous échappe un peu...

lundi 1 novembre 2010

Les Pieds dans la boue, d'Annie Proulx


Avis aux amateurs de la vision d'une Amérique crue et vraie : ce recueil de nouvelles qui vous immergent au fin fond du Wyoming américain est plein de sueur, de poussière, de cruauté et de beauté.
Les onze petits récits contenus dans "Les Pieds dans la boue" (du nom de la première nouvelle) ont en commun de dresser le tableau d'une région où règnent la bestialité et la misère. Le regard que porte Annie Proulx n'en est pas pourtant moral ou douloureux, au contraire : c'est dur, mais c'est plein de puissance et de souffle. On perçoit la dureté du climat aussi bien que la rugosité des moeurs, mais on n'éprouve pas pour autant de dégoût ou de pitié. Telle une succession de documentaires magnifiés, l'auteur célèbre une région âpre et authentique, pleine d'excès, râpeuse comme du papier de verre, mais belle comme un incendie.
La dernière nouvelle est "Brokeback Mountain", cette histoire d'amour entre deux cow-boys, que le réalisateur Ang Lee a porté à l'écran.

Critique publiée sur la page "livres" de Paris-Normandie