samedi 29 juin 2013

Alexis ou le Traité du vain combat, de Marguerite Yourcenar

Le genre : récit épistolaire L'histoire : Au début du XXe siècle, le jeune Alexis écrit à sa femme pur lui expliquer pourquoi il la quitte. Mon avis : beau, comme tout ce qu'écrit Marguerite Yourcenar. Ce texte court en forme de longue lettre, écrit à l'âge de 24 ans, raconte le parcours d'un jeune homme à l'enfance triste, devenu musicien. Le mot n'est jamais prononcé mais il est homosexuel : il explique à la femme qu'il a épousée un peu malgré lui combien il a tenté de lutter contre ce penchant. Il lui raconte son errance intérieure jusqu'à l'irrémédiable rupture. Cela ne vaut pas les Mémoires d'Hadrien, mais rien ne vaut les Mémoires d'Hadrien. Une fois n'est pas coutume, voilà un lien pour écouter la voix merveilleuse de Marguerite Yourcenar parlant de ce livre à Bernard Pivot en 1979. Et cet autre, extrait de la même émission, où elle parle des Mémoires d'Hadrien. Que du bonheur.

Chagrin d'école, de Daniel Pennac

Le genre : autobiographie sur le thème de l'école L'histoire : Pennac raconte son passé de cancre et son expérience de professeur Mon avis : C'est peut-être un peu long, et un peu trop décousu. Mais c'est bien agréable à lire. Pennac, avec beaucoup de sensibilité et de tendresse livre sa propre histoire de cancre, avec humour mais aussi et surtout en expliquant la douleur que cela peut être. Il retrace également son parcours de professeur, ses ambitions, ses relations à ses élèves, et tout ce que cela lui suscite comme réflexions sur le fonctionnement de l'école, de l'enseignement, de la société. Et ce n'est pas le même discours que le discours ambiant ! A lire donc pour avoir un regard un peu neuf, enfin, par rapport à ce que l'on a l'habitude d'entendre, un regard rafraîchissant et constructif.

lundi 24 juin 2013

L'Olympe des infortunes, de Yasmina Khadra

Le genre : roman sur les rapports humains et le rapport au monde contemporain L'histoire : une poignée d'hommes se sont exclus de la société pour vivre à l'abri dans une décharge publique près de la mer. Ac Le Borgne y a recueilli Junior le simplet, qu'il exhorte à détester le monde civilisé. Mon avis : bof. Cette histoire qui se veut une sorte de fable philosophique et humaniste ne m'a pas beaucoup touchée. Curieusement, je l'ai trouvée assez banale, voire sans surprise, alors que le point de départ a l'air original.

mercredi 19 juin 2013

Eloge de l'énergie vagabonde, de Sylvain Tesson

Le genre : récit de voyage Le propos : Sylvain Tesson raconte au jour le jour le voyage en vélo qu'il a fait en Asie Centrale en 2006, de l'Ouzbékistan à la Turquie, en suivant le trajet d'un pipeline. Mon avis : magnifique. L'auteur tient à la fois de l'aventurier, du géographe, de l'anthropologue, du philosophe et du poète. Sa manière d'appréhender la nature qu'il traverse m'a fait penser à ce que Freud appelle le "sentiment océanique". Sa façon de réfléchir sur le monde contemporain, nos moeurs, notre rapport à la terre est rafraîchissante. Il parle de tout, au fur et à mesure de ce qu'il découvre comme paysages et comme personnages, sans que cela ait jamais l'air décousu. A noter que Sylvain Tesson est également plein d'humour. Il nous rappelle la simplicité des choses et nous donne envie d'aventure. Voilà un livre qui fait du bien.

lundi 10 juin 2013

La Force des choses II, de Simone de Beauvoir

Le genre : autobiographie L'histoire : Simone de Beauvoir poursuit le récit de sa vie, ici les années 50. Mon avis : ce volet, écrit entre 1960 et 1963, alors que Simone de Beauvoir a un peu plus de 50 ans, est hanté par deux choses : la guerre d'Algérie et la mort. On suit quasiment au jour le jour les événements liés à l'indépendance de l'Algérie, qui ont profondément bouleversé l'auteur de bout en bout, pare que pour la première fois de sa vie, elle s'est sentie étrangère à ses compatriotes, et même hostile, en même temps qu'impuissante et complice malgré elle, ne serait-ce que par le fait d'être Française. Au cours de ces années, elle prend également conscience que Sartre peut mourir, et va mourir, un jour. Et qu'elle-même vieillit, autrement dit qu'une vie est passée, malgré elle, même si elle ne regrette rien. On est donc loin de l'euphorie, du bonheur des premiers temps de son autobiographie, mais le ton n'est pas désespéré ou larmoyant. Beaucoup de noms propres et de détails qui (me) sont inconnus rendent parfois, surtout au début, la lecture un peu pénible, mais globalement, c'est une belle lecture. (A noter cependant : un grand nombre, un nombre incroyable de fautes typographiques.)

Un long chemin vers la liberté, de Nelson Mandela

Le genre : autobiographie L'histoire : Nelson Mandela écrit son histoire depuis son enfance jusqu'à son élection à la présidence de l'Afrique du Sud. Mon avis : passionnant. Certains destins, sinon certains hommes, sont extraordinaires. et cela n'a d'égal que leur simplicité quand ils se racontent. C'est le cas avec Nelson Mandela, dont le parcours, depuis un village du Transkei, jusqu'à la transformation de son pays et la présidence, en passant par les années de lutte et de détention, est en soi fascinant. Mais il reste humble, sans manichéisme et sans commisération pour lui-même malgré ce qu'il a vécu, sans artifice, sans grandiloquence. Ce récit est également passionnant parce qu'il raconte l'Afrique du Sud et l'apartheid de l'intérieur, avec ses communautés si différentes et ce régime politique terrifiant. A lire !