mardi 21 juillet 2015

Marie Stuart, de Stefan Zweig

Le genre : biographie. Mon avis: excellent. Je vais néanmoins commencer par une critique : il y a chez Zweig une tendance récurrente à un certain maniérisme, autrement dit à des descriptions qui frisent le ridicule. Mais il n'en reste pas moins que cette biographie est à nouveau passionnante, très documentée, très riche, et qu'on suit avec un très grand intérêt le parcours incroyable de cette reine d'Ecosse. A noter que Zweig y dépeint aussi un autre personnage, celui d'Elisabeth I, reine d'Angleterre. On sort du livre avec l'impression d'avoir vécu ce XVe siècle et d'avoir appris à connaître ces deux femmes extraordinaires. Si Zweig se permet quelques conjectures sur certaines scènes et sur les personnalités, il est aussi d'une grande honnêteté intellectuelle qui le fait évoquer les controverses et les spéculations.

Soumission, de Michel Houellebcq

Le genre : roman d'anticipation sur la France des années 2020 L'histoire : le narrateur est un prof d'université de la Sorbonne, quarantenaire solitaire et sans joie, dans une France à la veille des élections présidentielles qui voient la montée du parti de la Fraternité musulmane, face à celle de l'extrême-droite. Mon avis : beaucoup aimé. Il y a pour moi quelque chose de jouissif dans, une fois de plus,le personnage central, tout en misanthropie fatiguée. Quant à l'histoire, elle joue habilement d'une impression double et contradictoire : que ça pourrait arriver et que c'est invraisemblable. Ce qui est très fort de la part de Houellebecq ! Enfin, sur ce qu'il pense vraiment derrière tout cela, je n'en sais rien, ce n'est pas évident du tout. La réaction que cela suscite chez moi en tout cas est proche du titre : j'ai tendance à y voir un appel à une forme de révolte, d'interrogation sur notre société, de non soumission, conçue comme le véritable fléau contemporain. Houellebecq a quelquechose de décomplexé que j'apprécie décidément beaucoup.

Charlotte, de David Foenkinos

Le genre : biographie de Charlotte Salomon, peintre allemande et juive, née à Berlin peu de temps avant la seconde guerre mondiale. Mon avis : très émouvant. Si les précédents ouvrages de Foenkinos m'avaient déçu par rapport aux premiers qui m'avaient beaucoup plu (Lennon, Le Potentiel érotique de ma femme...), celui-là me réconcilie avec lui. Sobre, pudique, il raconte avec une émotion palpable le destin tragique d'une jeune femme juive prise dans l'atroce absurdité du nazisme. Il dresse un portrait marquant de cette peintre sans mère, à l'histoire d'amour démesurée. Un beau livre.

lundi 13 juillet 2015

Fleur du désert, de Waris Dirie

Le genre : récit autobiographique L'histoire : Waris Dirie naît en 1965 dans le désert somalien dans une famille de nomades et s'enfuit à 13 ans. Elle deviendra top model et ambassadrice de l'ONU chargée de la question des mutilations sexuelles faites aux femmes. Mon avis : si l'intérêt littéraire est nul, celui de l'histoire est à l'autre extrême. On apprend beaucoup sur la culture somalienne, sa beauté et ses horreurs. La narratrice, qui s'est échappée de son milieu, ne renie pas du tout ses origines au profit du monde occidental, au contraire : ce qu'elle écrit notamment du rapport au temps et à la nature invite à réfléchir. Son témoignage sur l'excision, dont elle a été victime, fait avec beaucoup de courage, est poignant et important. Le parcours fascinant qui est le sien, raconté avec beaucoup d'humilité, est à lire.

La Fin de l'homme rouge, de Svetlana Alexievitch

Le genre : recueil de témoignages sur la vie en Russie, avant, pendant et après la perestroïka. Mon avis : passionnant. Je ne connais pas très précisément l'histoire de la Russie au XXe siècle, ce qui m'a sans doute empêchée de comprendre de nombreuses références historiques. De plus, il est souvent difficile de savoir qui parle, ce qui gêne un peu la lecture. Mais il n'en reste pas moins que ces témoignages de gens ordinaires, ce concert de voix qui parlent de leur vie est assez extraordinaire. La journaliste a invité ses interlocuteurs à parler du communisme mais aussi de l'amour, de la vie quotidienne. Se dessine ainsi non seulement un tableau des horreurs de l'époque stalinienne, de la déception de l'ouverture au capitalisme, mais aussi d'une certaine identité russe et de l'incroyable espoir (souvent persistant) qu'a représenté l'idéal communiste. On est très loin de la leçon d'histoire et pourtant au coeur de l'histoire telle qu'elle a été vécue et ressentie. edifiant.

Virginia Woolf, d'Alexandra Lemasson

Le genre : biographie Mon avis : très intéressant et très facile d'accès. Ce récit de la vie de l'écrivain anglais Virginia Woolf est intime et instructif. On apprend à connaître, même quand on n'a pas lu l'oeuvre, cette femme tourmentée et complexe. Si l'auteur ne cache pas son admiration, elle semble tout de même bien documentée et soucieuse de faire aller au-delà des clichés les plus fréquents.