lundi 28 février 2011

Gros-Câlin, de Romain Gary


Le genre : roman... surréaliste ?

L'histoire : Cousin, employé d'une société, a adopté un python pour combler son besoin d'affection.

Mon avis : même si la période n'est pas celle du surréalisme, ce roman m'a fait beaucoup penser au surréalisme et à Boris Vian en particulier. De Romain Gary, j'avais été très émue il y a longtemps, par La Promesse de l'aube, puis par La Vie devant soi, que j'ai tenté de faire lire plusieurs années à des élèves qui n'ont en général pas accroché malheureusement. Ici, l'histoire de ce pauvre homme en mal d'amour, sujet de moquerie, est à la fois triste, drôle et dérisoire. Mais ce qui est le plus émouvant, c'est le style, à la fois lyrique, poétique, et surréaliste. Quelques citations : "Je suis toujours impressionné par l'incompréhensible, car cela cache peut-être quelque chose qui nous est favorable" ; "Lorsqu'un python s'enroule autour de vous et vous serre bien fort, la taille, les épaules, et appuie sa tête contre votre cou, vous n'avez qu'à fermer les yeux pour vous sentir tendrement aimé. C'est la fin de l'impossible, à quoi j'aspire de tout mon être. Deux bras, les miens, c'est du vide. Il m'en faudrait deux autres, autour. C'est ce qu'on appelle chez les vitamines l'état de manque".

dimanche 27 février 2011

Lisson Grove, d'Anne Perry


Le genre : polar anglais se déroulant à l'époque victorienne

L'histoire : Thomas Pitt, membre de la Special Branch, poursuit un suspect jusqu'en France tandis que son supérieur, suspecté de vol, est démis de ses fonctions et part en Irlande pour prouver son innocence, accompagné de Charlotte, la femme de Pitt.

Mon avis : la série (longue) des aventures de Charlotte et Thomas Pitt est loin de valoir celle des frères Reavley, même si l'on y retrouve le même souci historique et le féminisme de l'auteur. J'accroche moyennement avec les personnages et le maniérisme très anglais m'agace un peu (on pense à Jane Austen !), mais c'est du polar bien ficelé, comme toujours chez Anne Perry. Le regard sur le monde anglais et sa politique est également intéressant : on y voit, outre les moeurs et l'écrasante hiérarchie sociale, le fonctionnement de cette monarchie à la fin du XIXe siècle... Elle n'a peut-être pas beaucoup changé !

vendredi 25 février 2011

Le Signal, de Ron Carlson


Le genre : roman américain "nature writing"

L'histoire : Mack et son ex-femme effectuent leur traditionnelle randonnée dans les montagnes du Wyoming, alors que celui-ci vient de sortir de prison pour avoir effectué des trafics afin de sauver son ranch.

Mon avis : Si l'histoire en elle-même ne m'a pas parue d'un très grand intérêt, ce qui vaut la lecture de ce roman c'est bien sûr, et on est bien dans la pure ligne des éditions Gallmeister, dans l'évocation de la nature. Tout le récit se passe dans le Wyoming sauvage. Ce n'est pas le même genre d'évocation que chez Annie Proulx, même si on retrouve un peu la même rudesse et l'impression d'intemporalité de cette partie du monde. On voit plutôt bien surgir les grands espaces et cela donne envie d'y aller, quoique forcément moins que d'aller dans le Maine évoqué par Tapply ! (Mais qu'est-ce qui vaut William G. Tapply ?)

vendredi 18 février 2011

Le Vrai monde, de Natsuo Kirino


Le genre : roman noir japonais

L'histoire : quatre adolescentes se mettent à aider un jeune garçon qui vient de tuer sa mère et est en fuite.

Mon avis : J'avais déjà lu et aimé Out, du même auteur. Ici, même si les personnages principaux sont des adolescents, ce n'est pas un roman pour cette tranche d'âge, ce qui me paraît déjà une prouesse : se mettre dans la peau d'adolescents sans faire dans le roman pour ados. J'ai aussi aimé la noirceur froide, qui était déjà dans Out. Sous couvert de l'intrigue, il y a, me semble-t-il, le tableau d'une mentalité, d'une époque, d'une société.

dimanche 13 février 2011

La Lamentation du prépuce, de Shalom Auslander


Le genre : autobiographie et tableau du judaïsme

L'histoire : le narrateur est sur le point d'avoir un fils. L'événement l'amène à revenir sur son enfance et sa jeunesse, dans une famille juive orthodoxe des Etats-Unis.

Mon avis : une citation résume assez bien à mon avis l'esprit du livre, c'est : "Je crois en Dieu. C'est un gros problème, chez moi". Il y a dans ce livre énormément d'humour et de blasphème, comme le dit à juste titre la quatrième de couverture. Parce que l'auteur rejette violemment mais est incapable de renier sa judaïté. C'est plein d'humour typiquement juif, du genre : "Les hommes font des projets. Dieu rit". J'adore. Mais c'est aussi assez répétitif, voire un peu brouillon. Je n'en garde cependant que le meilleur, quelques jours après l'avoir lu. On en apprend beaucoup, quand on n'y connaît pas grand chose, sur le mode de vie juif, ses croyances, ses rites. Sans doute l'auteur ne s'est-il pas fait beaucoup d'amis dans sa communauté en publiant ce livre ! Mais ce mélange de souffrance et d'humour, très juif justement me semble-t-il, est surtout drôle. A lire !

lundi 7 février 2011

La Vagabonde, de Colette


Le genre : roman autobiographique

L'histoire : Renée Néré, artiste de music-hall raconte sa vie en tournée, ses amitiés, l'empreinte douloureuse et indélébile de son mariage, et la rencontre avec un nouvel amoureux.

Mon avis : longtemps ce roman a été un de mes préférés de Colette. Et je l'ai relu avec la même admiration. A l'instar des films d'Hitchcock où chaque photogramme mérite d'être exposé, chaque phrase de Colette est un bijou, quel que soit le sujet. Il y a tant de sensualité et tant de précision ; elle évoque tant d'intimité avec une magnifique pudeur pourtant sans équivoque. J'adore lire Colette parce qu'ensuite sa prose m'habite et des phrases imitées (médiocrement certes mais délicieusement quand même) me viennent à l'esprit pour mes gestes quotidiens. Lire Colette, c'est se plonger dans une manière de voir le monde particulièrement belle et subtile. J'en parle affreusement mal ! Lisez Colette, point.

vendredi 4 février 2011

Le Goût de la boxe, textes choisis et présentés par Raphaël Naklé


Le genre : recueil de textes sur la boxe

Mon avis : Voilà un petit livre qui se lit tout seul, et surtout qui s'adresse aux aficionados de la boxe comme aux autres. Il s'agit d'un recueil de courts textes (articles mémorables, page de romans) qui abordent le mode de la boxe, plutôt sous l'angle de l'éloge comme l'induit le titre. Au travers de James Ellroy, de Raymond Queneau, de Philip Roth, de Bukowski, de Brecht, pour ne citer que certains des plus connus, on nous dépeint cet univers sous divers éclairages : les combats bien sûr, mais aussi les rêves, la douleur, la corruption... sous la plume d'auteurs très divers et parfois inattendus. Une autre qualité non négligeable : les commentaires de l'éditeur qui suivent chaque extrait, et qui sont fort intéressants.