vendredi 28 octobre 2011

The Sopranos and philosophy : I kill therefore I am (VO)


Le genre : recueil d'essais sur la série Les Sopranos sur des questions philosophiques

Mon avis : très intéressant de bout en bout. Hormis peut-être un ou deux chapitres, l'ensemble se lit assez facilement et offre un éclairage philosophique sérieux sur de nombreux aspects. Le sujet qui revient le plus souvent, c'est l'attraction pour le mal. Comment se fait-il qu'on aime un "bad guy" comme Tony ?! Les différents auteurs des essais confrontent la série, ses thèmes et ses personnages à Platon, Descartes, Aristote... Et c'est même parfois drôle ! Les fans ont de quoi se régaler : on démontre, s'il en était encore besoin, que cette série est génialement construite. Même le langage est décortiqué dans ses spécificités. Tony en héros aristotélicien ? Mais oui, parfaitement.

Les Chaussures italiennes, de Henning Mankell


Le genre : roman suédois sur la solitude, la famille, l'amour

L'histoire : Fredrik Welin vit depuis plus de 10 ans sur une île isolée, après avoir quitté son métier de chirurgien. La femme qu'il a quitté sans explication 37 ans auparavant lui rend visite à l'improviste.

Mon avis : très beau. Il règne sur tout le récit un profonde mélancolie, une douce froideur qui donne envie de visiter la région où se déroule l'essentiel de l'histoire. Cette dernière se déploie de façon plus ou moins inattendue tout du long, sans se départir d'une impression de lenteur, jamais ennuyeuse. Le personnage central n'est pas complètement sympathique, mais on s'y attache. Il y a peu de personnages, mais l'on s'attache aussi à chacun d'eux, avec leurs énigmes et leurs traits de caractère saillants. Ce roman est fait d'une foule de détails un peu saugrenus - la fourmilière, les chaussures italiennes, un sabre samouraï, un hypocondriaque, etc - et de thèmes très ordinaires, comme l'amour, la maladie, la solitude, etc. L'ensemble crée un roman à la fois original et plein de familiarité et de justesse. Vraiment un très beau roman.

jeudi 27 octobre 2011

Indian creek, de Pete Fromm


Le genre : récit autobiographique

L'histoire : l'auteur et narrateur, tout jeune étudiant, accepte de passer sept mois d'hiver sous une tente au coeur des Montagnes Rocheuses.

Mon avis : excellent. Ce récit témoignage d'une expérience qui a manifestement changé la vie de celui qui l'a vécu se lit passionnément, alors même qu'il ne s'y pas énormément de choses. L'auteur décrit avec beaucoup de simplicité comment il a vécu au jour le jour, émotionnellement et concrètement. Nulle emphase, juste un récit... juste. La quatrième de couverture parle d'une "drôlerie irrésistible", ce que je trouve très exagéré : simplement le narrateur ne se prend pas une seconde au sérieux, et se montre parfaitement honnête vis-à-vis de ses maladresses, de ses inquiétudes tout comme de ses joies. La valeur de ce récit, c'est peut-être qu'on a l'impression que le narrateur s'observe en permanence en essayant de revivre par le récit ce qu'il a vécu, d'en retrouver chaque seconde pour la revivre et la restituer le plus authentiquement possible, sans rien enjoliver ou dramatiser. Passionnant.

mercredi 26 octobre 2011

New York, chronique d'une ville sauvage, de Jérôme Charyn


Le genre : petit livre illustré sur l'histoire de New York (collection Découvertes Gallimard)

Mon avis : Court, dense et magnifiquement illustré, ce petit livre se lit comme un roman et retrace de façon éloquente l'histoire de New York, de sa fondation au XVIIe siècle par les Hollandais, à ses premières grosses vagues d'immigrants, les Anglais puis les Irlandais puis l'indépendance à la fin du du XVIIIe siècle, et toutes les périodes suivantes, marquées par de brutaux va et vient entre grande prospérité et profonde misère. Cet ouvrage, forcément peu approfondi, n'en est pas moins précis et clair et donne plein de pistes pour mieux comprendre toutes les spécificités de la ville, d'hier à aujourd'hui (même s'il a été publié en 1994). Passionnant.

dimanche 23 octobre 2011

La Maison du sommeil, de Jonathan Coe


Le genre : roman anglais

L'histoire : dans un même lieu, deux époques et des personnages se croisent. Celle de la pension où vivaient plusieurs étudiants, et celle où elle est devenue une clinique spécialisée dans les troubles du sommeil.

Mon avis : excellent. Pas de héros, ici, mais plusieurs personnages centraux dont l'auteur nous raconte le parcours au travers de deux moments à quinze ans d'intervalle. La narration est atypique, mais l'histoire également. Le thème du sommeil, et de ses troubles, est le fil directeur pour faire le portrait de personnages très différents les uns des autres, à la fois familiers et complexes. Il y est très subtilement question de sexualité et d'identité. Peut-être peut-on déplorer quelques moments et quelques portraits un peu inutilement excessifs, comme celui du très méchant docteur, mais globalement c'est un roman passionnant et très habilement mené.

La Promesse des ténèbres, de Maxime Chattam


Le genre : thriller franco(pour l'auteur)- américain (pour le lieu)

L'histoire : A New-York, un journaliste indépendant est amené, ayant été le témoin d'un suicide, à enquêter sur le monde de l'industrie pornographique la plus thrash.

Mon avis : Décidément, Chattam me déçoit de plus en plus. J'en viens à douter d'avoir tant aimé la Trilogie du mal et Le Sang du temps. On est dans l'horreur et le sordide, mais ce n'est pas ça qui ne va pas, c'est plutôt le fait qu'il n'y a vraiment que ça. Les personnages sont des créatures falotes et caricaturales, tout comme l'intrigue finalement. Le tic d'écriture le plus symptomatique de l'indigence fondamentale de ce thriller, c'est cette manie de faire quasiment de chaque phrase un paragraphe, comme pour faire croire que chaque phrase est une entité forte, pleine de sens et de suspense. Ce serait mentir de dire qu'on s'ennuie, on est dans un thriller. Et on en a pour son argent en terme d'horreurs et de sang et de trahison. Mais pour le reste, quel vide !

mercredi 19 octobre 2011

Dans ma peau, de Guillaume de Fonclare


Le genre : autoportrait d'un homme qui souffre

L'histoire : l'auteur et narrateur est atteint d'une maladie orpheline et incurable qui l'immobilise peu à peu et le fait atrocement souffrir dans tout le corps.

Mon avis : ce petit livre ressemble à quelque chose que l'auteur aurait écrit d'abord pour lui-même, pour survivre. Il y parle essentiellement de sa douleur physique, intransmissible, la prose apparaissant comme l'unique moyen d'en "parler". Il évoque aussi beaucoup les soldats de 14-18 : l'auteur est le directeur de l'Historial à Péronne, et il y est très attaché. Il explique pourquoi en évoquant plusieurs lieux et plusieurs histoires de ces hommes qui ont souffert, eux aussi, d'une autre manière. Il appert que le respect qu'il éprouve pour eux lui permet de moins mal endurer sa propre douleur. Il m'a semblé que cela manquait de structure, comme si le projet était véritablement né en cours de route. Enfin, la prose de ce livre est souvent très belle.

dimanche 16 octobre 2011

Jayne Mansfield 1967, de Simon Liberati


Le genre : évocation biographique de Jayne Mansfield

L'histoire : Le 29 juin 1967 une Buick bleue s'encastre sous un camion, tuant le sex-symbol le plus populaire et le plus controversé de l'époque, Jayne Mansfield.

Mon avis : dévoré en deux heures ! A partir de l'accident où elle a trouvé la mort, l'auteur revient sur l'incroyable personnage qu'a été Jayne Mansfield, surtout la période où elle a cessé d'être actrice pour devenir une caricature d'elle-même, d'une certaine forme de sex-appeal, et de décadence de l'Amérique. Sans jugement hâtif, sans racolage, Simon Liberati évoque les dernières années d'une vie où l'amour, la vulgarité, l'argent, l'extravagance ont dominé. Rejetée et méprisée d'une part, incroyablement populaire de l'autre, Jayne Mansfield se dessine intelligente, fragile et attachante. On sort de ce livre avec l'envie d'en savoir encore plus sur ce curieux phénomène et sur toute cette époque !

Hommes entre eux, de Jean-Paul Dubois


Le genre : roman français sur l'amour

L'histoire : Paul Hasselbank est gravement malade. Sa femme l'a quitté depuis plusieurs années et il se décide à tenter de retrouver sa trace, ce qui le conduit dans un petit village du Canada, en plein hiver.

Mon avis : ce n'est pas le meilleur (qui reste Une Vie française), mais on y retrouve le ton de Dubois quand il ne cherche pas à faire rire : c'est âpre, triste et juste. Le personnage principal est un homme qui souffre, physiquement et moralement et on le comprend sans s'apitoyer sur son sort. Son rival, l'homme des bois canadiens, est également attachant. Le fantôme de la femme qu'ils ont aimée tous les deux plane sur tout le récit. La fin est surprenante. Agréable.

vendredi 14 octobre 2011

L'Indien blanc, de Craig Johnson


Le genre : polar américain

L'histoire : troisième aventure du shérif Longmire, cette fois à Philadelphia, où il est en visite pour voir sa fille Cady en compagnie de son inséparable camarade indien. Mais dès leur arrivée, cette dernière fait l'objet d'une agression et se retrouve dans le coma.

Mon avis : très, très bon. Même si les deux premiers ne m'avaient pas enthousiasmée (pas autant en tout cas que la série de William Tapply, à laquelle il ne faut rien comparer en réalité), ce troisième volet m'a beaucoup plu. Il y a cet humour, qui fait le ton du livre, et qui persiste ici même si l'émotion est très présente également. J'avoue que je n'ai pas tout bien compris dans l'intrigue policière proprement dite, mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier ma lecture. On lit Craig Johnson pour le style et pour les personnages, pour l'évocation de la culture cheyenne et de la vie dans le Wyoming. Et on n'est pas déçu.

lundi 10 octobre 2011

Nagasaki, d'Eric Faye


Le genre : roman français sur la solitude

L'histoire : A Nagasaki, un banal employé vivant seul dans une maison se rend compte peu à peu que quelqu'un vient chez lui en son absence.

Mon avis : court et cinglant. Cette histoire étrange, et en même temps profondément ordinaire, est apparemment tirée d'un fait divers japonais. La personnalité du premier protagoniste, puis de son "hôte" sont très simplement et judicieusement décrits. Ce récit parle de la solitude et de la notion d'intimité, avec beaucoup de justesse ; un peu à la japonaise pour ce que j'en sais. C'est triste et même cruel, ce tableau d'une, et même deux, misères banales. Un beau livre.

samedi 8 octobre 2011

L'homme qui marchait sur la lune, de Howad McCord


Le genre : roman américain

L'histoire : le narrateur est un marcheur énigmatique qui se parle à lui-même alors qu'il arpente encore une fois la "lune", grand espace américain inhospitalier.

Mon avis : voilà un récit étrange, porté par la voix unique d'un personnage qu'on a du mal à cerner, qui raconte son présent - son quotidien de marcheur aguerri -, son passé - dans les Marines, dans la guerre - et peu à peu sa personnalité - froide, asociale, mais pas complètement antipathique. L'atmosphère du récit est, comme le paysage qu'il traverse et comme l'âme du narrateur, atypique. Un livre à relire.

Les Racines du mal, de Maurice G. Dantec


Le genre : thriller d'anticipation

L'histoire : Un tueur totalement zinzin commet une série de meurtres atroces avant d'être arrêté et examiné par trois scientifiques qui se rendent compte, seuls contre tous, qu'il n'est pas coupable de tout...

Mon avis : beurk. J'ai lu un autre ouvrage de Dantec il y a quelques années et je crois bien qu'il m'avait laissé à peu de choses près la même impression : prétentieux, exagérément compliqué, voire retors, voulant faire dans le thriller éclatant de sang et de péripéties. Résultat: ce n'est pas toujours compréhensible, et on n'a même pas peur, malgré la débauche d'actions et d'horreurs. C'est un comble.C'est sans finesse, sans psychologie, et ça veut ressembler à un grand film américain à la pointe de la technologie.

dimanche 2 octobre 2011

Sunset Park, de Paul Auster


Le genre : roman américain contemporain sur l'amour, la famille

L'histoire : Miles Heller a brutalement quitté ses études et sa famille pour avoir une autre vie. Il rencontre une toute jeune femme avec qui il vit un grande histoire d'amour, mais leur relation est menacée.

Mon avis : ce n'est pas mon Paul Auster préféré, loin de là, mais on y retrouve une histoire prenante comme dans quelques-uns des meilleurs. Malheureusement, le parti pris narratif, à savoir démultiplier les points de vue, ne me semble pas particulièrement intéressant ici (et ne serait-ce point un effet de mode ? J'ai l'impression d'avoir lu cela plein des fois ces dernières années), et surtout la fin est pour le moins plate, pour ne pas dire ratée. On passe un moment agréable, mais pas impérissable.