Combien ? de Douglas Kennedy

Le genre : enquête sur les traders et leur lien à l'argent L'histoire : Douglas Kennedy, avant d'écrire des romans a été journaliste et a réalisé plusieurs enquêtes, dont celle-ci sur le thème de l'argent et des Bourses de différents pays. Mon avis : intéressant. Sans grande surprise, qu'il s'agisse de l'Allemagne, de l'Australie, de l'Angleterre ou encore de la Hongrie, il appert que la course effrénée à l'argent telle que la vivent ceux qui travaillent à la Bourse ne rend pas franchement heureux. Tous sont à la recherche d'autre chose. Même si ce que l'on découvre n'est pas révolutionnaire, ce livre est un voyage digne d'intérêt, où l'auteur a croisé des personnages hauts en couleurs. Bien que totalement étranger à ce monde dont il a choisi de parler, il se montre curieux et sans préjugé, comme c'était le cas dans Au Pays de Dieu, où il enquête sur la religion.

L'Attente de l'aube, de William Boyd

Le genre : roman anglais sur l'amour et la guerre de 14-18 L'histoire : un jeune acteur se rend à Vienne au début du siècle pour suivre une psychanalyse. Il y rencontre une femme étrange qui l'entraîne dans une mésaventure amoureuse. On est à la veille de la première guerre mondiale. Mon avis : bof. J'ai été prise par le début, mais le reste m'a paru inutilement compliqué, flirtant sans y croire avec le roman d'espionnage. De même quelques choix narratifs (l'alternance des passages à la première personne du singulier et à la troisième) m'ont semblé artificiels et sans grand intérêt. De la guerre on ne perçoit finalement pas grand-chose et la part d'histoire d'amour n'est au final pas très originale et peu fouillée.

Fouché, de Stefan Zweig

Le genre : biographie Mon avis : Zweig s'attaque ici, avec la même minutie, le même esprit d'analyse et le même talent narratif que pour Marie Antoinette, à un autre personnage de la Révolution, extrêmement controversé. C'est à nouveau passionnant et fascinant, même si l'on n'éprouve, contrairement à la reine déchue, aucune compassion à aucun moment pour ce personnage d'une effarante versatilité. Grâce à ce récit, on vit non seulement la Révolution mais aussi les tumultes politiques qui ont suivi : Napoléon et le Consulat, le premier Empire, les 100 jours, puis le retour de la monarchie avec Louis XVIII. Cette période est incroyable de revirements et Fouché, cet arriviste opportuniste, l'est au moins autant. A nouveau génial.

Sigmund Freud, de Stefan Zweig

Le genre : essai sur l'importance de l'oeuvre de Sigmund Freud Mon avis : mon admiration pour Zweig grandit à la lecture de chacune de ses oeuvres non fictionnelles (dont j'ai été une grande admiratrice et que je commence à avoir envie de redécouvrir). Cet essai sur Freud est stupéfiant de clarté et d'intelligence. Il connaissait l'homme et l'admirait et cet ouvrage se veut une apologie de son oeuvre et de la psychanalyse, mais cela est fait avec une grande connaissance du sujet, nulle entreprise de vulgarisation, et sans épargner certaines critiques. Zweig place notamment Freud et ses découvertes dans l'histoire du XIXe siècle puis du XXe siècle pour en faire ressortir le caractère extraordinaire dans l'évolution de la civilisation européenne. Il a également le mérite d'expliquer les principaux traits de la psychanalyse - le rêve, la question de la sexualité, le métier de psychanalyste - avec à la fois beaucoup de poésie mais aussi de justesse. C'est un livre à la fois beau et passionnant dont je ne saurais trop conseiller la lecture à tous ceux qui veulent savoir ce qu'est la psychanalyse : il en constitue une magnifique introduction. Et le regard de Zweig sur l'humain et la civilisation a une acuité complètement actuelle.

Un Souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, de Sigmund Freud

Le genre : essai sur la personnalité de Léonard de Vinci. Mon avis : intéressant. Certes, Freud se base beaucoup sur un souvenir mal traduit de Léonard de Vinci : le "vautour" de l'épisode d'enfance est en réalité un milan, ce que des critiques postérieurs n'ont pas manqué de remarquer. Cela n'invalide pas entièrement ce texte de Freud qui tente de dresser un portrait intime du peintre et surtout de l'infatigable chercheur qu'était de Vinci. On sait peu de choses sur sa vie mais Freud élabore une théorie à partir des éléments dont il dispose, notamment sur son homosexualité peu active (j'avais lu une biographie qui disait tout le contraire, je ne saurais dire qui a raison !) et son insatiable soif de savoirs. Il y est beaucoup question de sublimation évidemment. C'était paraît-il le texte que Freud trouvait le plus beau de ses écrits.

Pickpocket, de Nakamura Fuminori

Le genre : roman japonais contemporain L'histoire : le personnage central et narrateur est un habile pickpocket qui opère en solitaire à Tokyo jusqu'à ce qu'il se retrouve embarqué malgré lui dans une opération dangereuse. Mon avis : pas mal. Voilà un petit roman qui se lit avec plaisir, grâce à son personnage principal un peu singulier, un peu froid, un peu mélancolique, auquel on s'attache. On déambule avec lui dans les rues de Tokyo et on vibre avec lui au rythme de ses larcins. Et on tremble quand il se retrouve menacé. Bien fait, quoi.

Ni d'Eve ni d'Adam, d'Amélie Nothomb

Le genre : épisode autobiographique L'histoire : l'auteur raconte son histoire d'amour avec un Japonais, à l'âge de 20 ans, période qui précède celle qu'elle raconte dans Stupeur et tremblements. Mon avis : beaucoup aimé. Je l'avais déjà lu, et il ne vaut quand même pas l'inégalable Métaphysique des tubes, mais on trouve dans ce récit tout ce qu'il y a de délicieux chez Amélie Nothomb. Une écriture incisive, beaucoup d'humour et d'autodérision, et la curiosité. Elle a vraiment un style bien à elle, alerte et élégant, mais ce que je préfère sans doute, et c'est sans doute pourquoi ce sont ses ouvrages autobiographiques que je préfère, une capacité à se moquer d'elle-même que j'adore. Et puis elle évoque si joliment le Japon...

Marie Antoinette, de Stefan Zweig

Le genre : biographie Mon avis : excellent, passionnant, fascinant. Le meilleur livre que j'aie lu depuis longtemps. C'est manifestement très minutieusement documenté et ce récit se lit comme un roman. On y apprend à connaître intimement la personne Marie-Antoinette, sans parti pris de la part de l'auteur même si sa voix se fait entendre ici et là. Mais on est également immergé dans cette époque exceptionnelle : on vit le règne de Louis XVI à Versailles et au Trianon, au milieu de cette société futile et insouciante, et l'incroyable bouleversement de la Révolution avec sa face sombre et sanglante. Génial.