vendredi 31 décembre 2010

L'Enquête, de Philippe Claudel


Le genre : roman français kafkaïen

L'histoire : l'Enquêteur est chargé d'aller dans l'Entreprise pour en apprendre davantage sur une vague de suicides qui a eu lieu parmi le personnel. La Ville se révèle étrange et hostile.

Mon avis : bof. On est en plein Kafka, avec son mélange de familiarité et d'absurde, sombre et dur. La vision du monde que propose Claudel dans cette probable allégorie est sans doute celle d'une société déshumanisée, où la fonction a pris le pas sur l'être, où la solitude est extrême, où l'environnement est dénaturé, etc. Probablement. Ce genre de discours devenu formaté ne m'émeut pas mais m'agace ; à force d'être bien pensant il en est creux. Si l'objectif du livre est simplement d'être fantastique, Kafka a fait beaucoup mieux, ne serait-ce que par son originalité. Bref, je n'ai pas compris l'intérêt et je n'ai pas aimé.

dimanche 26 décembre 2010

Rituel, de Mo Hayder


Le genre : roman policier anglais

L'histoire : Flea est plongeuse pour la police. Elle est hantée par la mort brutale de se parents, qui ont plongé dans un gouffre en Afrique du Sud. Une main coupée est retrouvée. Le policier chargé de l'enquête est lui aussi hanté, par la disparition de son frère.

Mon avis : TB. La preuve, une fois encore, qu'un bon roman policier tient à la qualité de ses personnages, plus encore qu'à son intrigue. Sans être impérissable, ce livre se dévore d'une traite et l'on y voit les personnages comme de vrais êtres vivants.

Suite(s) impériale(s), de Bret Easton Ellis


Le genre : roman américain contemporain sur la jet set californienne, l'alcool, les rapports humains...

L'histoire : Clay est scénariste. Il surfe dans un monde où les rapports sont superficiels. Il se croit suivi et s'attache à une jeune femme qui lui échappe.

Mon avis : bien que fascinée par American Psycho, subjuguée par Lunar Park, là... je n'ai rien compris. Ni l'histoire ni l'objectif. J'ai bien senti des ressemblances avec ce que j'ai déjà lu : le même milieu, la même obsession de la froideur, l'omniprésence de l'alcool, etc. mais cela m'est cette fois totalement passé à côté. Je n'y a rien vu, rien perçu. Le vide intégral.

mercredi 22 décembre 2010

La Carte et le territoire, de Michel Houellebecq


Le genre : roman français contemporain

L'histoire : parcours de Jed Martin, artiste, dans le monde d'aujourd'hui.

Mon avis : excellent. Pour deux raisons principales : pour l'humour de Houellebecq, et pour son écriture. L'aspect sociologique que l'on prête à ses romans me paraît fallacieux, même s'il n'est peut-être pas faux d'y voir une vision, voire une dénonciation de l'écrivain de notre société. Son roman s'ancre évidemment dans un monde très réaliste ! mais bref, ce n'est pas ce qui m'a le plus intéressée : c'est bien le cynisme, la dérision, que je trouve excellents. Et sans prétention justement. Et puis j'aime cette prose ample et limpide. Je ne me souviens pas avoir été séduite pareillement par ce que j'avais lu de Houellebecq jusque-là, mais je vais en relire. Même si je sais que c'est différent, et beaucoup plus sombre, j'ai envie de me replonger dans l'esthétique de cet auteur qui me semble inspiré ici par Bouvard et Pécuchet et par American Psycho (pas pour le meurtre, mais pour les digressions explicatives), tout en faisant quelque chose de très personnel, et oui, de très moderne. J'ai adoré !

lundi 20 décembre 2010

Avant le gel, de Henning Mankell


Le genre : polar suédois

L'histoire : Linda, la fille du commissaire Wallander, est sure le point d'entrer dans la police, alors qu'une tête de femme coupée, ainsi que ses deux mains jointes, sont retrouvées dans la forêt.

Mon avis : toujours génial ! Une relecture qui n'a rien perdu de son pouvoir d'envoûtement et de plaisir. On suit davantage la fille que le père, ce qui permet de voir le fameux Wallander sous un jour un peu différent. L'histoire est toujours aussi subtilement menée, ses personnages toujours aussi puissants et attachants. C'est peut-être l'humilité qui rend aussi fort le personnage de Wallander, et tous ses défauts : il n'est qu'un "bon policier", ainsi qu'il est décrit dans cet épisode. Et c'est ce qui fait toute sa grandeur. Du très grand polar, décidément.

dimanche 19 décembre 2010

La Favorite, de Yasushi Inoue


Le genre : roman historique et médiéval japonais

L'histoire : le récit est celui des amours de l'empereur Siuan-tsong et de Yang Kouei-fei, dans la Chine du VIIIe siècle.

Mon avis : déçue. Pourtant séduite par le sujet, mon intérêt s'est amenuisé de page en page, même si je suis arrivée jusqu'au bout. Trop de politique, pas assez de "couleur locale", pas la magie à laquelle je m'attendais, mais un récit que j'ai trouvé trop plat, sans souffle épique, sans le tragique annoncé en quatrième de couverture. Oui, on en apprend un peu plus sur les moeurs de la cour impériale de Chine à l'époque médiévale, mais pas tant que ça. Peut-être la restitution des événements historiques a-t-il pris trop le pas sur le lyrisme...

Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary, de Philippe Doumenc


Le genre : roman policier faisant suite à Madame Bovary de Flaubert.

L'histoire : des policiers enquêtent sur la mort d'Emma Bovary, un médecin présent ayant suspecté un assassinat.

Mon avis : je m'attendais au pire, évidemment. Mais c'est très plaisant ! On retrouve Flaubert sans que l'auteur ne cherche à l'imiter, on retrouve l'œuvre sans qu'il cherche non plus à la dénaturer, et c'est une jolie surprise. Au-delà de l'histoire, celle de l'enquête menée par un jeune policier, il s'agit d'un talentueux hommage au roman de Flaubert, à ses personnages et à son style.

samedi 18 décembre 2010

Ouragan, de Laurent Gaudé


Le genre : récit lyrique de l'ouragan qui a dévasté La Nouvelle Orléans.

L'histoire : au travers de plusieurs personnages dont les voix s'entremêlent, l'auteur raconte l'ouragan de l'intérieur.

Mon avis : bof. Je n'ai pas été sensible à la prose de Laurent Gaudé, qui de mon point de vue cherche la modernité et le lyrisme : mais peut-être est-ce simplement que je préfère une prose plus "classique". Je n'ai pas vraiment compris non plus l'objectif de l'auteur : cherche-t-il à raconter l'événement, et à en dénoncer certains aspects (le racisme et la ségrégation persistants aux Etats-Unis sont présents dans le récit), ou bien cet événement n'est-il que le prétexte pour camper des personnages et un style d'écriture (focalisations internes qui se succèdent et se mélangent, jusque dans une même phrase) ? Entre la volonté esthétique et le but réaliste, je n'ai pas perçu lequel dominait et cela aussi m'a dérangée. Bref, bof.

Dark Tiger, de William G. Tapply


Le genre : polar au grand air américain

L'histoire : dernière enquête de Stanley Calhoun, contraint par "l'homme au costume" de se rendre au nord du Maine pour élucider le meurtre d'un agent du gouvernement.

Mon avis: toujours aussi génial. Toujours cette impression d'espace, cette odeur d'aiguilles de pin, et ce personnage placide et attachant qu'est le héros. L'aspect polar est simple, sans prétention, mais non sans finesse. Il paraît que l'auteur a écrit d'autres romans policiers, sans ce héros (snif). Et qu'il a publié aussi des livres sur la pêche...

dimanche 12 décembre 2010

Le cerveau de Kennedy, de Henning Mankell


Le genre : roman suédois sur l'Afrique

L'histoire : une archéologue suédoise retrouve son fils mort dans son appartement à Stockolm, apparemment suicidé, mais elle n'y croit pas et part sur les traces de son passé et de sa personnalité.

Mon avis : Mankell le dit dans sa postface, ce roman est né d'un sentiment de colère. Celui qu'il a éprouvé en voyant ce qui se passe dans certains pays d'Afrique, et comment les Occidentaux y ont leur part. L'histoire de cette femme qui part autour du monde, et surtout en Afrique, au Mozambique (là où l'auteur vit), pour découvrir ce que son fils lui-même avait découvert, à savoir les ravages du sida et les agissements de certaines entreprises pharmaceutiques, est prétexte à révolte et dénonciation. Dans cette veine engagée, humanitaire, j'ai pourtant été moins touchée que par les incomparables aventures de Wallander...

samedi 11 décembre 2010

Dérive sanglante, de William G. Tapply


Le genre : polar au grand air

L'histoire : première aventure de Stanley Calhoun, qui s'est retiré dans le Maine après avoir été frappé par la foudre et perdu la mémoire. Son ami de pêche, le jeune Lyle, disparaît.

Mon avis : génial. Comme l'autre, "Casco Bay", dont j'ai parlé il y a quelques semaines, "Dérive sanglante" vaut moins pour l'intrigue policière que pour le souffle qui se dégage de cette histoire : on a envie d'aller dans le Maine, on a envie d'aller pêcher, on a envie de se promener dans les bois, etc etc. Et les personnages sont attachants, délicatement dépeints, sans trop de bavardage, avec ce qu'il faut de mystère et de familiarité pour qu'on ait l'impression de les connaître et de les découvrir. Une troisième aventure est parue cette année ! Mais c'est la dernière, car l'auteur est mort, merde !

dimanche 5 décembre 2010

Mrs Dalloway, de Virginia Woolf


Ce n'est pas le première fois, me semble-t-il, que j'entreprends de lire ce livre, mais là, je suis allée jusqu'au bout. Je ne peux pas dire que j'ai été séduite : j'ai eu au contraire beaucoup de mal à me concentrer, à m'y retrouver dans les personnages notamment. Les adjectifs qui me viennent néanmoins pour décrire mes impressions de lecture sont : lyrique, poétique et évanescent. Effectivement, il n'y a pas d'histoire, on est dans un tableau d'une époque, d'un monde, et de beaucoup d'individualités (et pas seulement de l'héroïne, comme je l'ai vu souvent écrit). J'ai aussi beaucoup pensé à Proust, les deux oeuvres me semblent très similaires dans l'esthétique et le propos. Mais la célèbre beauté de ce roman n'est pas tout à fait arrivée jusqu'à moi je crois.

L'anneau de Moebius, de Franck Thilliez


Le genre : polar français

L'histoire : Vic, nouvelle recrue à la Criminelle à Paris, se retrouve confronté à une série de meurtres horribles, tandis qu'un créateur de monstres pour le cinéma a d'étranges visions.

Mon avis : sensiblement le même que pour les précédents. On verse ici un peu dans le fantastique, mais il y a toujours autant ce goût manifeste de l'auteur pour l'horreur. A noter que je n'ai pas lu mais écouté ce livre, que je n'ai pas beaucoup aimé l'interprète (j'ai oublié son nom), notamment lorsqu'il fait les voix féminines, et qu'il m'a semblé plus criant que l'écriture n'était pas très bonne, assez plate, voire faisant un usage fréquent de clichés. un jugement bien sévère ! Il n'en reste pas moins que ce fut une "lecture" distrayante, et que pour un polar c'est déjà bien !

samedi 4 décembre 2010

Le plus endroit du monde est ici, de Francesc Miralles et Care Santos


Voilà un très joli roman, qui fait du bien par où il passe... "Le plus bel endroit du monde est ici", de Francesc Miralles et Care Santos, a pour point de départ l'envie de suicide d'une jeune femme qui vient de perdre ses parents et que le hasard amène dans un café étrange, où elle fait la connaissance de Luca. Semi-fantastique, cette histoire toute en simplicité fait penser au film de Frank Capra, "La Vie est belle", où un ange réapprend à un homme désespéré la joie de vivre. On est dans le même esprit un peu féérique, où l'histoire invite à se sentir heureux, quoi qu'il arrive, en regardant autour de soi. Le sous-titre de ce roman espagnol est "une invitation au bonheur" : c'est exactement cela !

Critique publiée sur la page "livres" du site Paris-Normandie

vendredi 3 décembre 2010

Les Anges de la nuit, de John Connolly


Le genre : polar américain (écrit par un irlandais)

L'histoire : Louis et Angel sont un couple de tueurs qui sont en fait des gentils. Presque retirés du métier, ils sont amenés, plus ou moins malgré eux, à reprendre du collier.

Mon avis : du très bon polar, même si j ne le classerais pas non plus dans le top 10 du genre. J'y vois deux raisons pour en dire vraiment du bien : pour la profondeur des personnages, qui sont assez fouillés pour être intéressants et attachants. Et pour le non manichéisme, si tentant et si facile dans bon nombre de polars. Je ne connaissais pas encore cet auteur, mais je vais en lire d'autres. Même si j'ai, en 24h, déjà oublié l'histoire !