mercredi 28 avril 2010

Du Brut pour les brutes, San Antonio


Quand on a du mal à lire des choses un peu sérieuses, quand on a envie de légèreté et de rigolade, rien de tel qu'un San Antonio. Un vieux, bien sûr. Celui-là date de 1960, et peu importe que je vous raconte l'histoire : dans les San Antonio, là n'est pas l'intérêt, mais dans cette langue inimitable et savoureuse. Le mieux, c'est encore d'en livrer des extraits.
J'aime tout particulièrement la manière dont il nous narre ses séances de galipettes, ici avec une demoiselle à particule :
"En moins de temps qu'il n'en faut à un vigile de la zone bleue pour relever le numéro de votre chignole, nous nous retrouvons sur un canapé voisin. La lutte est ardente et noire. Il est évident que la demoiselle née de, fait un peu de rebecca avant de se laisser oblitérer le blason. Y a des incidents de frontière et je suis obligé de parlementer à la douane, enfin elle se rend compte que mon passeport est en règle, et elle accepte que je lui joue Zazie dans le métro."

Quant à l'érudition littéraire de Bérurier, je la laisse à votre appréciation :
"ça s'appelle LE CIDRE : c'est un gonze qu'on appelle comme ça. Il est dingue pour une frangine qui se nomme Archimède. C'est espagnol et ça se passe dans l'ancien temps. Le dabe du Cidre a des crosses avec çui d'Archimède. C'est un vieux daron façon croulant. L'autre lui cloque une mandale sans s'occuper de ses crins blancs. Le Cidre prend les patins de son vieux. Il a une vache explication avec son futur beau-dabe et lui carre sa rapière dans le baquet. Du coup, ça complique les relations avec sa poule. On croit que l'Archimède va lui arracher les lampions avec ses ciseaux à broder, mais pas du tout : elle se le fait quand même qu'il a dessoudé son vioque. Et tu sais pourquoi ? Because elle l'a dans la peau, comme moi avec Berthe. Quand on aime on pardonne tout. C'est physique..."

Ah! ça me ferait presque regretter de ne plus enseigner, j'en aurais fait des trucs avec ça !

mardi 20 avril 2010

L'Oasis secrète, de Paul Sussmann


Le genre : récit d'aventures égyptologiques.

L'histoire : une alpiniste professionnelle se rend en Egypte pour l'enterrement de sa soeur soi-disant suicidée, laquelle était une spécialiste du désert. Elle découvre rapidement que celle-ci a été assassinée et que s'y mêlent à la fois un trafic d'uranium et la recherche de l' "oasis secrète", Zerzura.

Mon avis : Voilà un gros livre (près de 500 pages, quand même) qui s'adresse à la fois aux amateurs de l'Egypte antique et de récit d'aventures. Ce récit bien ficelé mêle en effet plutôt habilement les deux : il nous parle, de façon très documentée mais accessible (l'auteur est un journaliste anglais qui participe tous les ans aux fouilles archéologiques dans la Vallée de Rois), d'un mythe remontant à la période la plus ancienne de la civilisation égyptienne, celle de la cité de Zerzura, sorte d'Atlantide, qui a suscité nombre de fantasmes et d'explorations, jusqu'à aujourd'hui. Il s'agit bien sûr ici d'un roman, mais on en apprend beaucoup ! Le récit en lui-même contient les ingrédients traditionnels du genre pour susciter le suspense : les bons et les méchants, les rebondissements, les drames intérieurs, les amours naissantes, les conflits de civilisation, les histoires d'argent, d'agents secrets, de trafic et de guerres, etc. Bref, c'est dense et prenant !

Critique publiée sur le blog livres de Paris-Normandie

lundi 19 avril 2010

A propos d' "Alice au Pays des Merveilles"


Après avoir vu le film de Tim Burton, et avoir gardé en mémoire le dessin animé de Walt Disney, j’ai eu envie de lire l’original. Même si je ne perçois pas en quoi ce récit relève du chef d’œuvre, j’y ai trouvé énormément de fantaisie et d’imagination, telles que j’en ai rarement lu dans les histoires des enfants (mais je suis loin d’être une grande lectrice de ce genre d’ouvrages). L’adaptation de Tim Burton ne m’a pas vraiment plu : l’histoire (qui n’a en gros rien à voir avec celle de Lewis Carroll), très « hollywoodienne », très en phase avec tout ce qu’on peut voir sur l’héroïsme contemporain dans les films d’animation d’aujourd’hui, m’a particulièrement ennuyée. En revanche, c’est vrai que les couleurs et l’énergie m’ont paru à l’image du texte original. Mais l’adaptation de Walt Disney est bien plus conforme à l’esprit et au récit, à sa gravité enfantine, à son imaginaire débridé, à sa poésie aussi.

Du Sang sur la toile, de MIYABE Miyuki

Le genre : polar psychologique japonais

L'histoire : Un homme et une femme sont retrouvés tués, et des suspects se présentent facilement. L’homme assassiné est un mari volage et un père raté, qui en outre s’est créé une famille virtuelle sur internet ; la femme tuée est une de ses anciennes maîtresses, qui elle aussi a alimenté nombre de rancœurs autour d’elle. Mais la police va enquêter d'une drôle de manière.

Mon avis : A la base de ce polar japonais, rien de bien extraordinaire. On est dans le Japon d’aujourd’hui avec des familles à problèmes, des adolescents à portables, des histoires d’amour à remous, et des addictions douteuses à internet. Les flics qui enquêtent sont assez semblables à ceux que l’on peut lire dans nos polars occidentaux. L’originalité réside dans le fait qu’il y a très peu d’action : plus de la moitié du livre se situe dans une salle d’interrogatoire, de part et d’autre d’une glace sans tain. Et c’est là qu’il faut faire attention à ne pas trop en dire ! Sachez seulement que le lecteur se retrouve en quelque sorte spectateur et qu’au lieu d’être complice des policiers comme c’est souvent le cas, il est ici laissé dans l’ignorance, au même titre que les autres intervenants de l’histoire. Au final, si cela m’a semblé peu crédible, j’ai trouvé cette façon de mener le récit fort intéressante.

Critique publiée sur le blog livres de Paris-Normandie.

mardi 13 avril 2010

Brooklyn follies, de Paul Auster


Le genre : roman américain contemporain

L'histoire : Nathan Glass, un ancien assureur, revient s'installer à Brooklyn où il retrouve son neveu Tom, devenu libraire.

Mon avis : l'adjectif qui me vient pour parler de ce roman de Paul Auster, c'est "sympathique". Sympathique comme on qualifierait quelqu'un qu'on a plaisir à fréquenter, à connaître, dont la présence est synonyme de chaleur, d'une certaine légèreté, et de familiarité ; quelqu'un qui nous fait rire, et dont les malheurs peuvent aussi susciter une compassion sincère. Ce roman, son histoire et ses personnages, c'est exactement tout ça.

samedi 10 avril 2010

Out, de Natsuo Kirino


Le genre : thriller japonais.

L'histoire : dans une fabrique de panier-repas au Japon, quatre femmes aux tempéraments différents mais à la vie personnelle sordide, se lient d'amitié. L'une d'elle tue son mari et les trois autres sont entraînées dans l'histoire, en l'aidant à cacher son crime.

Mon avis : rien à voir avec tout ce que j'ai pu lire jusque là sur le Japon. Nettement moins fleuri ! Il s'agit véritablement d'un roman qui tient à la fois du réalisme et du thriller. On suit chacun des personnages individuellement dans chaque chapitre, sans qu'aucun puisse être totalement pris en affection ni totalement condamné. Difficile à décrire ! C'est un récit à la fois étrange et qui respire l'ordinaire. On est pris dans le quotidien malheureux des quatre femmes pour qui l'on éprouve surtout de la pitié malgré l'aspect horrible de l'histoire (elles découpent le mari en morceaux pour le faire disparaître). Mon sentiment de bout en bout est que c'est une histoire triste et émouvante, et un roman qui marque l'esprit.