lundi 19 octobre 2009

La Part de l'autre, d'E.E. Schmitt

Moyennement convaincue par Mes Evangiles mais poussée par l'envie d'être séduite par l'auteur français, prolixe et célèbre qu'est Emmanuel Schmitt, j'ai entamé La Part de l'autre avec curiosité et j'ai d'ailleurs lu ce pavé très rapidement. Malheureusement, je ne l'ai pas aimé.
Il s'agit de la double biographie d'Adolf Hitler depuis le résultat du concours d'entrée aux Beaux arts à Vienne, jusqu'à sa mort. Le principe qui a conduit l'auteur a été, dit-il, de montrer l'humanité du personnage et d'imaginer ce qu'il serait devenu s'il était devenu peintre.
Je viens de lire plusieurs critiques élogieuses et franchement je ne comprends pas. Que l'oeuvre ne soit pas déplaisante à lire, certes, mais c'est bien le seul agrément que l'on peut y trouver et compte-tenu de l'ambition du récit, cette qualité me paraît fort faible.
Aucun des deux récits ne m'a paru crédible : ni le récit de la vie imaginée de l'artiste Adolf H., ni celle du véritable dictateur. L'une comme l'autre m'ont paru très caricaturales. Le peintre d'abord, humble et sensible voit surtout se dérouler un destin irréprochable grâce à une psychanalyse express, radicale et grotesque par Freud himself, et par l'apprentissage d'une sexualité généreuse. Grâce à cela, Hitler exècre la guerre, vénère son grand ami homosexuel, s'épanouit en France, épouse une juive (parce qu'il adore les juifs, évidemment). Quant au véritable Hitler, aigri par son échec artistique, galvanisé par la guerre où son coeur bat seulement pour un chien errant (son envie de vengeance naît évidemment de l'assassinat insupportable dudit toutou par un obus ennemi), durci par une absence de sexualité, je ne l'ai pas non plus trouvé convaincant du tout.
Qu'Hitler soit un être humain, on n'avait pas besoin de Schmitt ni de ce roman pour l'apprendre. Que tout aurait été différent s'il avait été admis aux Beaux arts, c'est probable. Mais qu'il aurait pu ressembler à ce personnage sensible et avoir ce parcours idéal, non, on n'y croit pas. Plus grave me semble-t-il est cette mise en parallèle avec cet Hitler réel, dont l'auteur prétend nous faire la biographie intime, et qui sombre lui aussi dans la caricature.

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