lundi 19 octobre 2009

Lunar Park, de Bret Easton Ellis

Difficile de parler de ce livre. Il est inclassable : si la première partie est clairement autobiographique, le roman proprement dit est d'une teneur beaucoup plus vague et dérangeante, ce qui participe grandement de son charme.
Au début, l'auteur raconte son parcours d'écrivain et c'est déjà captivant parce qu'il retrace son fulgurant succès parallèlement à sa déchéance personnelle, avec une simplicité et un détachement déconcertants par rapport à l'énormité de ce qu'il raconte. Ensuite démarre une histoire à la fois étrange et familière. Il est toujours Bret Easton Ellis, et la narration continue à s'apparenter à de l'autobiographie, mais interviennent des événements surréalistes pour ne pas dire complètement fous.
Dans Crash, de Ballard, il y avait déjà ce mélange singulier de réalité et de fiction, notamment à cause du fait que l'auteur se mettait en scène en utilisant son propre nom pour le personnage principal, et que les événements ne semblaient pas tout à fait futuristes. Le lecteur est fortement dérouté par cette limite indécise entre vérité et fiction et ce principe est omniprésent dans le récit d'Ellis. Sa lecture est une expérience complètement nouvelle.
Sans doute est-ce pour cette raison que cet auteur est parfaitement moderne : l'incertitude entre les mondes réel et virtuel, entre la vie privée et la vie publique, est indubitablement le phénomène le plus emblématique du XXIe siècle. Les notions d'intimité et de réalité sont en plein bouleversement avec l'importance grandissante du monde virtuel, qui existe de plus en plus.
Le livre d'Ellis est donc déroutant et passionnant.

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