On distingue en général deux types de livres : ceux qui racontent une histoire, qui sont fondées sur l'action, et ceux qui valent pour leur manière de dire, pour leur prose, pour l'émotion des mots. Le premier type a traditionnellement une moindre valeur littéraire que le deuxième, quoique réussir à mener une histoire haletante ne me paraisse pas une entreprise facile, tandis que faire beau et abscons me paraisse une illusion assez aisée à susciter.
Le Clan de l'ours des cavernes, premier tome de la série intitulée "Les Enfants de la Terre", appartient sans conteste à la première catégorie. L'auteur, une américaine férue de préhistoire, raconte l'histoire d'une petite fille recueillie par un clan, à l'aube de l'humanité. Certes, l'écriture n'est pas originale, la psychologie des personnages est banale, mais ce roman a le mérite immense de créer sous nos yeux un monde à la fois étrange et familier. Je ne connais rien à la préhistoire, et la vie de nos premiers ancêtres m'apparaissait comme quelque chose de parfaitement primitif, c'est-à-dire basique et plat. Or, l'existence, les moeurs, les pensées du peuple que nous décrit l'auteur est au contraire d'une grande richesse. Et il semblerait que sa saga romanesque soit saluée par les archéologues spécialistes de cette période.
En dehors du récit - haletant -, de l'intérêt historique - certain -, le roman traite aussi de sujets qui nous touchent, et le regard particulier qu'y jettent les personnages d'un temps si lointain et si différent a le mérite de nous interroger d'une autre manière sur l'importance de choses telles que la tradition, le progrès, la différence, la mémoire, les rapports entre hommes et femmes, etc. Mais il ne ressemble pas pour autant au récit de RoyLewis, Pourquoi j'ai mangé mon père, bien que lui aussi se déroule à peu près à la même époque et nous interpelle sur des problèmes présents : l'objectif de ce dernier est beaucoup plus didactique, au moyen de l'humour fondé sur les anachronismes.
lundi 19 octobre 2009
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